Le débat sur le titre de psychothérapeute revient à l’ordre du jour avec le récent rapport de la MIVILUDES (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) sur les phénomènes sectaires. Ainsi, il apparaît qu’un grand nombre d’acolytes sont recrutés par des soi-disant « psychothérapeutes » et ce à travers des méthodes très particulières.
On peut relever l’exemple des cas de faux-souvenirs induits. Le psychothérapeute réussi à convaincre le patient, grâce à son pouvoir de suggestion et à une manipulation subtile, que tous ses maux sont en fait liés à des traumatismes (notament des abus sexuels) qu’il a subi dans l’enfance et qu’il a refoulé et occultés et qu’il faut maintenant remémorer pour guérir. Cette technique a été à l’origine de nombreuses fausses accusations d’abus sexuels tant aux États-Unis qu’en Europe (cf. The myth of repressed memory, Elizabeth Loftus & Katherine Ketcham, 1994).
Cet exemple illustre bien le mauvais usage qui peut encore être fait du titre de psychothérapeute, non-protégé et non-réglementé. À ce sujet, le rapport de la MIVILUDES nous offre quelques données intéressantes:
Les psychothérapeutes, « des praticiens rémunérés pour leurs psychothérapies, quelle(s) que soi(en)t leur(s) méthode(s), leur profession ou leur formation d’origine » seraient entre 10000 et 15000 en France dont 10 à 15% de médecins, 20 à 30% de psychologues, 20% de travailleurs sociaux, 20% de professions paramédicales et 10 à 15% d’origines diverses.
« Ce panorama des métiers de l’accompagnement psychologique met en évidence une insuffisance voire une absence de formation initiale dans les disciplines concernées.(…) »
« Ce constat, s’il ne doit pas aboutir à la conclusion hâtive que la moitié des psychothérapeutes aurait des pratiques charlatanesques et dangereuses, est néanmoins un facteur de risque aggravé dans ce secteur de prestations où l’appelation de « psychothérapeute » n’est pas encore encadrée ».
« Dans ces conditions, le choix éclairé d’une psychothérapie n’est pas sans risque dont celui de l’emprise mentale dans le cadre d’une dérive sectaire ».
La question du cadre réglementaire du titre de psychothérapeute reste totalement d’actualité. Une réflexion approfondie et des mesures concrètes sont urgentes car les victimes des faux psychothérapeutes sont déjà trop nombreuses.
Duarte Rolo
Bonjour
Qu’elle serait, d’apres vous la formation universitaire la plus adaptée à la formation d’un futur psychotherapeute ? (Sans parler de d’orientation therapeutique dans un premier temps ).
merci
Je suis surpris de constater que l’ensemble de la profession semble penser que protéger la fonction de psychotherapeute par l’obtention d’un diplome universitaire aura pour effet de mettre hors circuit les praticiens peu scrupuleux. Il me semble clair que les meilleurs manipulateurs, capables de mettre en oeuvre de tels stratagemes, sont des personnes instruites ayant souvent été formées à l’école de l’état… De plus pour les patients ayant « la chance » de consulter un thérapeute bien veillant, il subsiste un autre danger moins souligné, celui de la compétence du praticien et surtout de sa capacité à ce remettre en question et à passer la main en cas de contre productivité… et cela aucun décret ne l’encouragera, car à mon avis il s’agit d’une des conséquence du manque d’ouverture à l’éventail de techniques therapeutique dont fait preuve l’université aujourd’hui dans le domaine de la clinique.
Mais peut etre suis-je un peu naif/mal informé.
J’ajouterai que la france est un pays qui à la « gachette dérive sectaire » un peu trop facile à mon gout !
C’est vrai que la question de la formation en psychologie reste une question délicate, qui plus est lorsqu’on parle de psychothérapie. Je ne sais pas si l’inclusion de la formation de psychothérapeute dans une structure universitaire changerait quelque chose au problème. En revanche, je pense que la création d’un ordre des psychologues ou des psychothérapeutes pourrait tout à fait être utile à ce sujet.
Je promets un article à ce sujet dans pas trop longtemps.
En tout cas, merci Philippe pour les commentaires et à bientôt sur paradoxa je l’éspère.
Duarte
qui nous protégera des lobbys bienpensantes qui s´assurent leur part de maché par des definitions arbitraires et bien conventionelles du bien et du mal!..si le diplome universitaire protègait de la connerie,nous le saurions!(voire heidegger+le nazisme)…j´ai rencontré en psychiatrie(et ailleur!) des madame summa cum serpillière qui avaient plus de bon sens +de coeur(oh,…du coeur….ne me parlez pas de cet organe que je ne saurai re-sentire!)dans leur petit doigt que des humanoid diplomatus narscisus avide de plaire au chef de clinique,de se faire une « position »,d´etre quelqu´un,en régardant le cadran de leur montre+ préscrivant la dernière pilule miracle ,enfin bon ,ne géneralison pas,mais…il y a bien des charlatans du meme poil à l´ego surdimentionné chez les néophites « zinzin´inspirées »,et des gens trés bien+pleins de sagesse humaine chez les « étiquettés »,mais …j´ai bien l´impression qu´à force de vendre le myth du tout sécuritaire,nous perdons de la libre pensée critique face aux institutions!
Pour illustrer votre article, voici précisément une pratique porteuse de faux souvenirs induits : http://comitecedif.wordpress.com/2013/02/17/le-dialogue-par-les-couleurs/