le processus de séparation/individuation chez Margaret Mahler -par Aurélie Moreau

M. Mahler s’est beaucoup intéressée aux interactions mère-enfant, . Elle évoque à ce sujet le terme de « symbiose » comme « modèle d’un système monadique clos, auto-suffisant en sa satisfaction hallucinatoire du désir »[1]. Ce terme a été choisi pour décrire cet « état d’indifférenciation, de fusion à la mère, dans lequel le « je » ne se différencie pas encore du non-je et où l’intérieur et l’extérieur n’en viennent que graduellement à être perçus comme différents ». Pour elle, la symbiose est une des étapes normales du développement du nourrisson, précisément la seconde étape. Cette psychanalyste a introduit le terme de « processus de séparation/individuation » qui correspond à trois phases successives : l’autisme normal, la symbiose normale et la séparation/individuation. Ce processus, commun à tous les bébés, a été critiqué par de nombreux psychologues qui contestent l’appellation d’ « autisme normal » pour les premiers mois de la vie. En dehors de ce débat, il ouvre tout de même la voie à une séparation/individuation aussi pour les enfants au fonctionnement autistique qui se situent donc à la première étape du processus. Ayant théorisé le processus de séparation/individuation pour le développement du nourrisson, aussi bien « normal » que pathologique, cette psychanalyste explique que « c’est une mauvaise individuation ou une absence d’individuation qui se trouve au cœur de la psychose infantile. Il semble manquer au nourrisson psychotique la capacité de percevoir l’agent maternel et dès lors de s’en servir pour maintenir son homéostasie, et par la suite il lui est impossible de s’en libérer ».[2]

« Le processus normal de séparation/individuation se situe au moment où l’enfant est prêt, de par son développement, au fonctionnement autonome (séparé) et y prend plaisir. Pris dans ce sens, le concept de séparation signifie la différenciation du self et de l’objet symbiotique en tant que processus intrapsychique. »[3] En effet, pour Mahler, le terme de « séparation » renvoie à la prise de distance et le détachement d’avec la mère et celui d’ « individuation » concerne l’évolution des fonctions autonomes. Mahler oppose également l’autisme infantile, caractérisé selon elle par une hallucination négative de la réalité, à la psychose symbiotique qui maintient un lien délirant à une mère archaïque, projetée sur tous les objets. La psychose symbiotique ramène en effet à ce stade où l’enfant constitue avec sa mère une unité dyadique dans une enceinte commune dont les limites seraient comparées à une membrane symbiotique. Dans cette unité s’organise une harmonie rythmique d’interaction, le trouble primaire de la psychose résidant dans une incompatibilité à ce niveau. « L’anachronisme de ce type de relation va être évident vers quatre ans, à un moment où l’enfant, pour maintenir cette relation symbiotique pathologique, a besoin de dénier la réalité et de prêter à sa mère une puissance renforcée par des mécanismes projectifs »[4].


[1] MALHER, M. (1990). Psychose infantile : symbiose humaine et individuation. Paris : Payot, p. 19.

[2] MAHLER. Ibid, p. 41.

[3] MAHLER. Ibid, p. 30.

[4] MAHLER, M. (1990). Psychose infantile : symbiose humaine et individuation. Paris : Payot, p. 5.

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