La théorie de la troisième topique de Christophe Dejours

Cet article est une brève présentation de la théorie de la troisième topique de Christophe Dejours.

Le modèle d’une troisième topique (ou topique du clivage) est venu de la confrontation à des problèmes cliniques rencontrés en psychosomatique, que la théorie de Fain et Marty ne permettait pas d’expliquer. Ainsi, ce premier modèle ne semble pas satisfaisant pour interpréter les cas de décompensation somatique survenant chez certains patients psychotiques, ni chez des sujets possédant de bonnes qualités de souplesse et de stabilité au niveau de l’organisation psychique. L’investigation clinique conduit Christophe Dejours à affirmer que n’importe quel sujet pourrait être victime d’une décompensation psychosomatique. La vulnérabilité à la décompensation somatique existerait chez tout le monde sans exception.

La théorie de la troisième topique (Dejours, Le corps entre biologie et psychanalyse, 1986) avance que la santé physique ne repose pas essentiellement sur l’organisation psychonévrotique de la personnalité (comme le défendent Fain et Marty), mais sur la stabilité d’un clivage (la troisième topique est une topique du clivage) qui se prolonge jusque dans l’inconscient entre deux secteurs : un secteur où l’inconscient est sexuel et refoulé (l’inconscient dynamique) et un secteur dont la formation passe par un processus différent du refoulement, appelé inconscient amential (ou inconscient enclavé dans la théorie de Jean Laplanche).

Cette forme de l’inconscient prend naissance dans les échecs de « traduction » (cf. la théorie de la séduction généralisée de Jean Laplanche) du message que l’adulte adresse à l’enfant. En effet, les messages énigmatiques que l’adulte adresse à l’enfant sous diverses formes nécessitent invariablement une traduction de la part de ce dernier. Seulement, lorsque le message de l’adulte passe par la violence éxercée sur le corps de l’enfant (violence physique ou viol sexuel) ce dernier, alors surchargé par l’excitation, n’est plus en état de penser, ni de traduire, ce qui se produit en lui. Faute de traduction, il ne peut y avoir de place pour le refoulement stricto sensu. À la place de l’inconscient sexuel se forme ici du non-refoulé : l’inconscient amential.

L’inconscient amential est maintenu en respect par une chape solidement constituée de pensées d’emprunt, non personnalisées, données de l’extérieur par le sens commun et l’imaginaire social, déposées dans le système conscient. Contrairement à l’inconscient dynamique, il ne se fait pas connaître par un retour du refoulé. Lorsqu’il se manifeste il provoque une rupture de continuité du moi sous la forme cardinale de la perte de contact avec son propre corps. L’inconscient amential ne fait irruption que s’il y a une déstabilisation du clivage. Cette dernière se manifeste par une angoisse typique, sous la forme d’une sensation de glissement atroce dans un gouffre sans fond (angoisse de décrocher, Dejours, 2006). Si ce mouvement ne s’interrompt pas, il projette le sujet dans l’expérience du chaos ou de la destructuration « amentiale » du moi (au sens de Meynert, c’est-à-dire d’une confusion mentale où toute possibilité de liaison psychique à disparu).

Mais, dans l’imminence d’une déstabilisation du clivage, c’est-à-dire d’une crise, certains patients trouvent une « issue somatique » qui permet d’enrayer la destructuration du moi. À la place d’une perte de contact avec le corps survient alors une décompensation somatique. Cette dernière fonctionne comme une solution conservatrice pour le moi et la topique, pendant que le corps subi de son côté les détériorations.

La théorie de la troisième topique de Christophe Dejours se présente aujourd’hui comme une alternative valable à la théorie de Marty et Fain dans l’interprétation des décompensations psychosomatiques.  Elle permet par ailleurs de rouvrir la question tant controversée du « choix de l’organe » en psychosomatique.

 

Une réponse à “La théorie de la troisième topique de Christophe Dejours”

  1. C’est une retour du sympthome dans la clivage, dans l’étage plus archaïque? Il y a de conduction de ce sympthome psychossomatique per des signifients assemblé à l’experience du traume? Conduction de le sensible per le sens avec les mots clivé dans l’Inconscient? Je ne connai pas la « theorie de la troisième topique » pour dire, alors je toi solicite que moi repondre a ce question? S’il vou plait. Merci, mes copins.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*