Psyché et Soma: onde ou particule?

psyche.jpg

J’ai envie de reprendre ici un débat, vieux comme le monde, celui qui concerne le psychologique et le somatique et les rapports réciproques qu’ils entretiennent.

Depuis la séparation cartésienne entre l’âme et le corps en tant que substances indépendantes, moment qui marque la séparation entre science et philosophie, on a tendance à considérer l’esprit comme le lieu de la rationnalité pure et le corps comme le receptacle de l’irrationnel (il est vu comme le lieu du désir, de la pulsion, du charnel, de l’animal). Même s’ils constituent un tout, ils sont conçus comme deux entités aux propriétés distinctes.

Sans citer d’autres écoles, les études sur la psychosomatique ont pu révéler l’interdépendance fondamentale entre psychique et organique, les maladies de l’esprit influant sur les maladies du corps. L’esprit est bien obligé de siéger dans le corps, il ne le transcende pas, et le corps ne peut se délivrer de l’influence de l’esprit.

La psychanalyse va aussi venir s’incrire dans ce débat. Ainsi, W. Reich défendra dans Matérialisme dialectique et Psychanalyse que, pour dépasser l’opposition psyché-soma, une psychologie matérialiste se doit de considérer le psychique non comme une donnée métaphysique (transcendant l’organique), mais comme une autre fonction, liée au somatique. Le psychique trouve sans doute son origine dans l’organique mais en même temps, il s’oppose à l’organique comme son contraire, et, à travers cette fonction, développe des lois qui lui sont propres.

Devrions nous alors concevoir l’articulation entre le corps et l’esprit d’après la logique de la connectivité (J.Puget)? On pourrait supposer qu’un lien existe entre les deux sans que celui-ci soit forcément de l’ordre de la causalité (l’un et l’autre n’entretiennent pas des rapports de cause-effet).

Le problème posé par la dualité corps-esprit en psychologie présente des ressemblances avec la dualité onde-particule de la lumière, en physique. Ainsi, la physique contemporaine s’accorde pour dire que tous les objets présentent à la fois une nature d’onde et une nature de particule, bien que ce phénomène ne soit perceptible qu’à des échelles microscopiques. La lumière n’est pas à la fois onde et particule, elle n’est ni l’un ni l’autre, elle est de nature antinomique.

Serait-on, en psychologie, face à un phénomène de cette nature quand on considère la dualité psyché-soma? L’homme n’est ni corps, ni esprit, ni les deux à la fois, il est autre chose?

 

dualite-onde-particule.jpg

métaphore du cylindre: objet ayant à la fois les propriétés d’un rectangle et d’un cercle

 

Duarte Rolo

10 réflexions sur “Psyché et Soma: onde ou particule?”

  1. Tout d’abord Olivier P. merci pour le commentaire et pour le lien, très intéressant.

    Effectivement je suis d’accord avec toi quant au fait qu’il faut dépasser l’éternel débat qui consiste à chercher qu’est ce qui relève de quoi. C’est d’ailleurs dans cette optique que je me suis lancé dans la rédaction de cet article.
    Néanmoins, en psychologie clinique, il me semble qu’on tend quand-même à isoler le psychique, objet même du travail du psychologue.
    On pourrait se poser la question si une approche holistique, traitant corps et esprit à la fois, serait envisageable.Et ce surtout en psychologie clinique, où l’on est censé aborder le sujet dans son unité. Tour le paradoxe est là.

  2. salut,
    ce que je trouve paradoxal dans votre approche c’est plutôt l’absence de l’emotionnel.
    si l’affect est un truc somato psychique, il pourrait bien ressembler au chainon manquant entre les deux.
    trois éléments permettent une vue en 3D, ca pourrait éviter les débats sur la nature circulaire ou rectangulaire du cilindre.
    autrement dit, corps = particules, émotion = onde , pensée = perception des ondes.
    en plus ca fait plaisir, on retombe sur de la mécanisue quantique avec cette fois ci l’inclusion du parametre  »observateur/altérateur ».

    mais là vous dites que ca veut dire non pas deux ou trois mais bien quatre états , le dernier étant de la psyché sans représentation… de l’intention brute.
    une seule question: mais où s’arrete ce site? il m’époustoufle!! 😉

  3. Merci pour le compliment Nagual (serais-tu un admirateur de Carlos Castaneda?), ça fait toujours très plaisir :-).

    Pour ce qui est de la tripartition onde/corpuscule/perception, je trouve, en effet, que c’est une jolie façon de décrire les phénomènes. Elle permet de penser les choses encore un peu plus loin dans leur complexité.
    Pour ma part je dois dire que je ne suivrais pas Duarte dans ses rêves holistiques :-). De mon point de vue, il existe des phénomènes sur lesquels on peut tenir différents types de discours. L’humain ne peut donc être réduit à aucun de ces discours (et il ne pourra jamais l’être) même si certains peuvent être plus pertinents, plus efficaces ou plus harmonieux que d’autres.
    Prenons l’exemple d’un homme qui traverse la rue après avoir attendu au feu rouge. Si l’on demande à un sociologue, un historien, un biologiste (etc.) de décrire cette scène, ils auront trois points de vue différents. Lequel a raison?
    Il en est de même pour les phénomènes auxquels nous avons affaire en psychologie ou en thérapie. Un homme est malheureux, il pleure dans notre bureau en nous disant que sa fille vient de mourir. Si nous demandons à des psychologues de différentes obédiences de décrire la scène et ses implications, ils auront tous des discours très différents. Lequel a raison?
    Bref pour reprendre ton modèle, j’ai tendance à beaucoup insister, pour ma part, sur le paramètre « observateur/altérateur »…

  4. Bonsoir…

    En espérant que vous repasserez par ici depuis tout ce temps!
    Ce que vous dite m’intéresse beaucoup.. mais je ne comprend pas trop le modèle « observateur/altérateur »… qui veut bien se lancer dans une belle explication?
    Et qui à un bon site sur la physique quantique que je puisse y comprendre quelque chose! 😉

    Merci!

  5. Bonjour,
    Courte définition de ce que nous pourrions entendre par :-  » Une théorie de l’esprit c’est pouvoir se représenter ce que se représentent les autres » Bienvenu donc dans le monde des représentations. Dans ce monde nous n’échappons pas (pathologie ou pas) à celui des interprétaions et dans ce monde des interprétation nous n’échappons pas au monde de la fiction. Dès lors, dès que nous avons conscience que notre manière d’être appartient à ce phénomène d’interprétations si diverses, multiples et complexes, comment échapper à nos croyances ? L’esprit pour moi serait donc en principe le fait de penser et à partir de là de se poser la question de : – comment s’oriente la pensée ? Comment penser une séparation entre le corps et la pensée ? Par exemple : – je vois un film avec une amie, elle pleure et moi je ne pleure pas. Se pose la question : – pourquoi pleures-tu ? Sa réponse : – Je ne sais pas. Mais tout autant je ne sais pas pourquoi moi je ne pleure pas. J’ai parfois cette peur de l’époque (j’espère révolue) où les réponses étaient toutes faites et parce que c’était psychosomatique il fallait uniquement s’occuper du psycho. Dans l’exemple que j’ai donné, il se pourrait fort bien que ce soit moi qui ne pleure pas qui devrait pleurer, m’émouvoir ? Que quelque chose me touche ? Qu’est-ce qui fait que…? Nous pourrions croire que je ne somatise pas. Comment penser un corps qui ne somatise pas ? Qui dit que je ne pleure pas mais que par contre ma tension artérielle a augmentée, mon coeur battait plus vite ? Toutes ces choses dont on ne parle pas. Pour répondre à Blondine, je proposerais d’aller voir sur un site titré CANTOR
    Nous pouvons à partir de là allez voir ce qu’en dise les lacaniens (c’est vertigineux leurs interprétaions mathématiques, une autre histoire mais qui démontre bien que nous n’échappons pas à la fascination des interprétations et d’y croire.
    A bientôt
    Marianne Antonis

  6. Me revoilà,
    Bonsoir,
    Comme je dois m’épargner (je souffre de polyarthrite évolutive) je n’ose trop écrire.
    Je vous recommande écoute ; – Psychosomatique
    « Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous » – Psychosomatique et appareil locomoteur – Vincent POINTILLART – 45mn – Université Bordeaux 2 – 2007
    http://onlyzentv.blogspot.com/2010/12/quand-je-vous-parle-de-moi-je-vous.html

    Cordialement
    Marianne Antonis

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*