Georges Politzer et les fondements de la psychologie

Georges Politzer, né en 1903 en Hongrie et émigré en France à l’âge de 17 ans, a été non seulement un des critiques les plus redoutés du capitalisme de son époque comme l’auteur d’une tentative audacieuse de refondation de la psychologie en tant que science, pour la sortir de son ère « mythologique et préscientifique ». Ainsi, il cherche à poser les bases d’une véritable psychologie matérialiste, s’appuyant sur l’oeuvre de Marx et Engels. Il appèlera cette nouvelle discipline la psychologie concrète, science qui constitue comme son objet le drame. En instaurant les évènements de la vie humaine comme l’objet d’étude de la psychologie, il souhaite dépasser l’âge préscientifique de celle-ci, idéaliste et abstraite, sans pour autant la réduire à un simple organiciscme. Par ailleurs, Politzer récusera l’hypothèse de l’inconscient sans pour autant afirmer l’exclusivité de la conscience.

Sa tentative de refonder la psychologie ne put aboutir à cause d’insuffisances méthodologiques, mais ses ouvrages restent d’une importance cruciale pour penser l’objet et la méthode de la psychologie dans le champ des sciences humaines.

Politzer meurt fusillé par les Allemands en 1942.

Je vous laisse ici quelques citations issues d’un de ses ouvrages majeurs, Les Fondements de la Psychologie:

« (…) Nous nous sentons entourés de personnes et non de structures physicochimiques, et ce n’est que grâce à un effort d’abstraction, que je puis voir dans mes amis par exemple, des collections de planches d’anatomie. Cette vie humaine constitue (pour la désigner d’un terme commode dont nous retenons que la signification scénique) un drame.

Il est inconstestable que c’est dans le drame que nous place d’abord notre expérience quotidienne. Les évènements qui nous arrivent sont des évènements dramatiques; nous jouons tel ou tel « rôle », etc. La vision que nous avons de nous mêmes est une vision dramatique: nous nous savons avoir été l’acteur ou le témoin de telles ou telles scènes ou actions; »

« (…)la psychologie est idéaliste alors qu’elle devrait être matérialiste, ou, si l’on aime mieux, que ce sont les idéalistes qui voudraient faire oeuvre de matérialisme: la psychologie ne saurait devenir une science qu’en renonçant à l’idéalisme, alors que les psychologues actuels sont incapables d’y renoncer.

(…)Il en est ainsi naturellement parce que les psychologues sont liés par leurs origines, comme par leurs traditions, par toute leur activité publique, privée et personnelle à l’idéologie bourgeoise. Voilà pourquoi ils n’aperçoivent que ces formes du matérialisme qui étant incomplètes, sont officiellement autorisées: le matérialisme de la physiologie et de la médecine. »

Duarte Rolo

Références:

– Politzer G., Les Fondements de la Psychologie, Éditions Sociales.

– Molinier P., Les Enjeux Psychiques du Travail, Payot.

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