La question humaine : De la psychologie et du liberalisme

La Question humaine est un film français sorti en 2007. Bordélique, lent, même plus diffusé en France, il n’en demeure pas moins à mes yeux un des films les plus intéressants sur certains dérapages contemporains de la psychologie.

Simon, psychologue de 40 ans, travaille au département des ressources humaines d’une compagnie pétrochimique allemande,  la SC Farb. Chargé de la sélection du personnel, il devra également mettre en place un vaste plan de licenciement. A cette première intrigue se superpose une seconde, portant sur le passé obscure de la société. En effet,  Simon est également chargé d’enquêter sur son employeur. Un parrallèle se tisse alors peu à peu entre la rationnalisation à l’extrême du travail dans les entreprises contemporaines et la rationnalisation de la mort sous l’Allemagne nazie. Le film emprunte un questionnement qui fut celui de l’école de Francfort après la seconde guerre mondiale : le nazisme, alliant rationalisation et domination, perfectionnement technico-administratif et coercition, gain maximal en productivité dans la tâche même de l’élimination des autres, ne fut-il pas un produit de la civilisation industrielle et une matrice de cette même modernité industrielle ?

La question humaine est à coup sûr un film dérangeant, génant – et pour ne pas lui reprocher d’être choquant, on lui reprochera facilement d’être ennuyeux. Il porte pourtant en lui la force d’un questionnement et d’une critique qui ne manque pas d’interpeler le spectateur – et a fortiori ceux qui, de près ou de loin, s’interessent à la psychologie. On y retrouve, en effet, la description d’une psychologie inféodée aux désirs de l’entreprise et à ses exigence de rendement, repoussant toujours plus loin les frontières entre vie privée et vie professionnelle, le psychologue se faisant l’outil d’un système qu’il se refuse à voir et à penser.

Pour reprendre les propos de Chronicart, La Question humaine « ne ressemble à rien de ce que fait le cinéma français dans son régime général. Il n’est ni un film à messages, ni un pensum philosophique. C’est une immersion dans notre sombre époque de pouvoir et de sang, un film fantastique sur le retour imprévu des fantômes de l’Histoire, le portrait d’un homme déchu et qui ne s’y attendait pas. Un film sur la condition d’homme moderne, inconfortable et pathogène ».

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