Jacques Lacan : le schéma du bouquet.

Poursuivant mon voyage en lacanie, je voudrais vous parler d’un très beau schéma qui permet de différencier réel symbolique et imaginaire : « le schéma du bouquet ».

 

Le schéma du bouquet :

Le schéma du bouquet est d’abord expliqué dans le premier Séminaire (Les Ecrits techniques de Freud). Par la suite, il sera repris et complexifié – beaucoup trop complexifié à mon goût d’ailleurs. Mais sa première version permet de se représenter les liens qui existent entre trois notions centrales chez Lacan : le réel, l’imaginaire et le symbolique.

Jacques Lacan reprend un tour de magie, qu’il modifie légèrement, pour décrire de manière métaphorique ses trois concepts. Prenez une table, mettez un bouquet de fleur sur la table et collez un pot de fleur sous la table. Ensuite, placez un miroir sphérique devant la table. Le pot de fleur va alors se refléter pour créer une illusion d’optique : on a l’impression que les fleurs sont dans le pot. Évidemment pour que l’illusion fonctionne, il faut que le spectateur soit bien positionné. S’il est trop loin ou trop près, le reflet du pot de fleur va apparaître au mauvais endroit et on n’aura plus l’impression que les fleurs sont dans le pot.

Dans cette expérience-métaphore, il y a donc trois éléments principaux : les fleurs, le pot et le spectateur qui doit être à la bonne place.

Les fleurs représentent le réel. Elles symbolisent ce qu’il y a dans le corps (du moins pour le Lacan des deux premiers séminaires). Pour faire simple, on peut dire qu’il s’agit des pulsions, des affects, de tout ce qui dans le corps n’est pas symbolisé et résiste à ma pensée consciente. Chez le premier Lacan, on peut dire que la pulsion renvoie au réel car elle s’impose à moi. Si je suis un bébé et que je suis débordé de haine ou de peur, il s’agit de quelque chose que je ressens, que je ne peux pas me représenter sans le transformer. Par la suite le réel, sera défini comme ce qui résiste à la symbolisation, ce que dans la réalité je n’arrive pas à penser, à m’approprier (un traumatisme par exemple).

Le pot de fleur représente l‘imaginaire. Le pot c’est le corps. Mais ce n’est pas le corps « réel », c’est le corps telle que je le vois, telle que je l’imagine. En effet, lorsque Lacan parle du corps, il parle de ce que voit l’enfant dans le miroir. Dans un miroir, l’enfant va se voir comme une image unifiée, une forme (une Gestalt), une totalité. Il y a un écart entre ce que je ressentais comme étant mon corps avant – plein de pulsions bordéliques qui partent dans tous les sens et qui semblent venir de l’extérieur – et ce que je vois comme une image. Dans le miroir, le petit enfant peut se voir comme un tout unifié alors qu’avant il se vivait comme morcelé. Cette unité n’est pas « réelle » car elle est liée à une image (l’image dans le miroir) : elle est imaginaire. L’image corporelle est donc de l’ordre de l’Imaginaire et c’est pour cela qu’elle est représentée par le pot de fleur. Dans le schéma, le pot de fleur est une illusion, une image fausse (je ne pourrais pas la toucher) comme l’unité du corps pour le petit enfant qui se voit dans le miroir. Il croit qu’il a unifié ses pulsions, qu’il a contenu les fleurs dans le pot en voyant son image apparaître comme une forme dans le miroir. En fait cette unité est un leurre. Le corps imaginaire ne contient pas vraiment les pulsions, le pot ne contient pas vraiment les fleurs.

D’une manière plus générale, l’imaginaire renvoie à toutes les images auquel je m’identifie et dont je crois à tort qu’elles me définissent comme sujet. Par exemple, je peux imaginer que je suis un super pompier comme le monsieur qui sauve le monde dans le film. Enfant et jouant au pompier je me prends pour lui, je crois que je le suis devenu. Pour Lacan, ce que je crois être « moi » n’est qu’une collection d’images auxquelles je m’identifie : je peux donc croire que je suis : un « mâle dominateur », un « grand intellectuel », un « sportif » ou une « tombeuse », une « romantique », un « grand-père épanoui », un « bon à rien » etc.

Le symbolique est représenté par la place du spectateur. Pour que l’image du bouquet renversé apparaisse, il faut que le spectateur soit à une certaine place, sinon l’illusion ne va pas se produire et il ne verra rien (il sera dans du réel pur). Dans ce schéma, la place du spectateur détermine tout le reste. Cette place c’est la place symbolique. Cela peut paraître un peu tordu mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une métaphore. Le symbolique pour Lacan représente la place du sujet telle qu’elle apparaît dans le discours de ses parents (et notamment de sa mère). Ce qu’on va dire du bébé (ou ce qui va filtrer de l’inconscient parental à travers leurs paroles) va grandement déterminer sa manière de s’inscrire dans le monde. Le choix du prénom de l’enfant a ainsi beaucoup de sens. Si par exemple, j’appelle mon enfant « Herbert » comme mon frère qui vient de mourir il y a deux mois, cela va dire quelque chose de sa place. Il va avoir la place de mon frère, la place d’un mort – sans que je m’en rende compte car je n’avais pas fait le rapprochement. Peut-être que cette place, cette place de mort dans mon exemple, ne va pas lui permettre de grandir. Dans le schéma cela veut dire que sa place ne lui permet pas de faire apparaître le bouquet. Il n’arrive pas à entrer dans le jeu des identifications imaginaires (il ne voit pas le bouquet). Il n’arrive pas vraiment à ce prendre pour un pompier, ou pour un enfant qui grandit car sa place n’est pas celle d’un enfant qui grandit mais celle d’un mort..

Je ne développe pas plus ces trois notions qui sont en fait bien plus complexes que je ne les présente dans ces quelques lignes. J’y reviendrais peut-être un peu plus tard.

Réalisation de l’expérience du bouquet renversé

4 réflexions sur “Jacques Lacan : le schéma du bouquet.”

  1. L’interessent ce schéma du bouquet pous diferencier les champs de la psyché. Le réel jamis se pose dans l’imaginaire, il ce qu’il manque toujour, le cohse (kantienne). L’invertions que se montre dans le rapport imaginaire comme l’invertion de côte qu’il y a dans le miroir entre droit et gauche. Le symbolique est l’esphère du changeable de conjugaison des signes à qui s’afecte le sujet dans l’experience avec le réel, experience éthetique, l’experience sensible. Le signifient c’est que represent cette experience comme le symptome du sujet plus articlé ce qui vient du Réel, le signe d’Autrui que mantainent se pose dans l’imaginaire per foncton changeable du symbolique. Le Réel, comme chose même, lui apparaitre seulement
    comme faut, comme impossible d’enoncier, autant l’Absolu. Bien, je ne pex écrire plus sans m’auxilier d’un dictionaire. Mon français est une chose horrible et je ne lui essai il y a beaucoup de temps. Opthyme article. Très bien. Au révoir

  2. Bonjour,
    Je viens de découvrir votre site. Je tenais à vous remercier pour ce voyage en « paysage Lacanien » des plus éclairants, sur ce que je tends à considérer comme une véritable dialectique entre ces trois concepts clefs.
    Cordialement, Isabelle H.

  3. @ Isabelle Houllier:
    Merci pour ces compliments. En effet, les concepts de réel, symbolique et imaginaire ne peuvent se définir indépendamment les uns des autres, en ce qu’ils s’éclairent les uns par rapport aux autres.

    Cordialement

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